Sommaire
- Produits Combinés Injectables. Enjeux et challenges pour les industriels.
- Extension des délais ou non, ce que les fabricants de Classe I doivent retenir.
- Les nouveaux défis des médicaments injectables.
- L’investigation clinique des dispositifs médicaux combinés dans le cadre du nouveau règlement (UE) 2017/745 (RDM).
- Apport de la caractérisation physico-chimique des matériaux constitutifs des dispositifs médicaux pour une rationalisation de leur évaluation biologique.
- Piloter la performance des validations de nettoyage : un enjeu industriel fort.
- Validation des procédés de nettoyage : pourquoi et comment valider les méthodes analytiques et de prélèvements associées.
- Maintenance des équipements en acier inoxydable dans un environnement de fabrication conforme aux BPF : une approche basée sur les risques.
- Single Use Systems vs Re-Usable Stainless-Steel Equipment. Compliance & Quality Perspective.
Extension des délais ou non, ce que les fabricants de Classe I doivent retenir.
Il est bien connu que l’entrée en vigueur du nouveau règlement européen sur les dispositifs médicaux (RDM) bouleverse actuellement l’industrie des dispositifs médicaux. Etant donné que les droits acquis ne sont pas permis sous le RDM, tous les dispositifs de toutes classes devront obtenir un nouveau marquage CE avant la date limite*.
Jusqu’en novembre 2019, les produits d’instruments médicaux de classe I n’avaient pas de marge de manœuvre ; contrairement aux autres classes de produits qui peuvent être recertifiées en vertu de la directive actuelle sur les dispositifs médicaux (MDD) et donc bénéficier d’une extension jusqu’en mai 2024, les fabricants d’appareils de classe I n’avaient pas de telles options pour prolonger leur délai. Par suite des développements récents, il est possible que certains produits appartenant à la Classe I (instruments chirurgicaux réutilisables, produits stériles de classe I, ou appareils de classe I avec une fonction de mesure) puissent bénéficier d’un prolongement de la date limite jusqu’au 26 mai 2024* selon le deuxième rectificatif publié le 25 novembre 2019 et adopté le 17 décembre 2019.
Cela dit, il est toutefois essentiel que les fabricants de classe I commencent immédiatement à examiner les modifications réglementaires correspondantes pour en déduire les mesures appropriées à leur cas particulier et déterminer leur admissibilité à cette prolongation des délais. Faute de réaction dans les délais impartis, leurs produits risquent d’être jugés non conformes et retirés du marché à l’échéance de la date limite.
Dans cette optique, l’article suivant alerte les fabricants de Classe I des principaux défis de la nouvelle réglementation et de l’urgence d’agir en vue d’atteindre la conformité à temps.
Pour déterminer leur éligibilité à cette extension, les fabricants doivent d’abord se référer aux changements de classification répertoriés dans le RDM de l’UE. Les fabricants doivent non seulement s’assurer que toutes leurs informations techniques et preuves cliniques sont à jour et répondent aux nouvelles exigences réglementaires, mais les fabricants doivent également tenir compte du fait que leurs appareils pourraient entrer dans de nouvelles catégories de classification. Les fabricants de dispositifs à faible risque appartenant à la classe I sous le règlement précèdent, soit la directive européenne sur les dispositifs médicaux (DDM), pourraient supposer que seuls les dispositifs à haut risque seront affectés par le RDM mais, en réalité, leurs dispositifs sont tout autant susceptibles d’être soumis à un changement de classification.
Le RDM contient non seulement de nouvelles règles (le montant étant passé de 18 à 22) mais des modifications considérables ont également été apportées aux règles de classification déjà existantes. Les fabricants devraient donc commencer leurs préparations règlementaires par prévoir un réexamen de l’Annexe VIII, dans un premier temps, afin de déterminer si leurs dispositifs ont été reclassés sous une nouvelle section de la classe I, de la classe IIa, IIb ou même de la classe III. Le cas échéant, les exigences de conformité deviendront bien plus importantes et rigoureuses, obligeant ainsi les fabricants à s’engager avec un organisme notifié. Les fabricants d’instruments chirurgicaux réutilisables, par exemple, doivent noter qu’il existe désormais une sous-classification spécifique pour ce type de dispositif, soit la classe Ir. Concrètement, cela signifie que les procédures de nettoyage, de reconditionnement et de retraitement de ces dispositifs seront désormais soumises au contrôle d’un organisme notifié.
Si aucune modification de classification n’est apportée à leurs produits de classe I, les fabricants peuvent continuer à s’auto-certifier, mais ils doivent néanmoins satisfaire les exigences du RDM. Pour ce faire, ils devront s’assurer que leur documentation technique est à jour, délivrer la déclaration de conformité UE visée à l’article 19 du RMD et enregistrer les informations nécessaires dans la base de données européenne sur les dispositifs médicaux, EUDAMED. Le lancement de la base EUDAMED a maintenant été retardé jusqu’en mai 2022, bien que les exigences d’enregistrement des données s’appliquent toujours. Cela donne aux fabricants le temps nécessaire pour planifier efficacement les exigences de mise en œuvre et de saisie des données, de sorte que les enregistrements de données complets soient prêts dans les formats de fichiers utilisables à télécharger lorsque le système sera mis en ligne.
Une fois la classification des dispositifs établie, il est extrêmement utile d’établir un calendrier de mise en œuvre. Le rectificatif publié le 25 novembre 2019 modifie l’article 120, paragraphe 3, du RDM de l’UE. Cela permet un retard de quatre ans dans la mise en œuvre spécifiquement pour les appareils qui entrent dans la catégorie de classe I sous la DDM et seront reclassés soit en classe Ir (instruments chirurgicaux réutilisables) et/ou Im (s’ils ont une fonction de mesure) et/ou Is (dans des conditions stériles) sous le RDM. Cela ne s’applique que si leur déclaration de conformité existante sous la DDM a été faite avant le 26 mai 2020.
Les fabricants qui choisissent de bénéficier de cette période d’extension ne peuvent cependant pas apporter de modifications importantes à la conception et à l’utilisation prévue de leurs dispositifs tant qu’ils ne sont pas conformes à la norme RDM.
Pour les autres dispositifs de classe I, cependant, aucune marge de manœuvre ne sera accordée aux fabricants de dispositifs de classe I qui devront donc être certifié sous le RDM avant le 26 mai 2020 sans faute. En outre, prolongation ou non, tous les dispositifs de toutes les classes doivent être conformes aux exigences suivantes du RDM de l’UE à partir du 26 mai 2020 : surveillance post-commercialisation, surveillance du marché, vigilance, enregistrement des opérateurs économiques et enregistrement des dispositifs. De plus, alors que sous la DDM les fabricants de classe I ne nécessitait pas de système de gestion de la qualité (SMQ) formel, le RDM leur exige un SMQ conforme à l’article 10, paragraphe 9 du RDM.
Le meilleur moyen d’y parvenir est d’appliquer la norme EN ISO 13485 : 2016. Une planification minutieuse est donc cruciale pour les fabricants de classe I et une attitude trop complaisante pourrait se révéler très préjudiciable.
L’épuisement considérable des organismes notifiés en Europe complique davantage le processus de préparation car il entraine avec lui une pénurie d’expertise réglementaire. À l’heure actuelle, douze organismes notifiés ont été désignés dans le cadre du RDM. Il est donc probable que ces organisations subissent tout de même de fortes pressions et seront encore moins en mesure de fournir un soutien supplémentaire.
Bien que la possibilité de prolonger leur période de transition fournisse un soulagement bienvenu à de nombreux fabricants de classe I, il est impératif qu’ils ne considèrent pas l’extension comme une raison de se retirer du gaz. Outre les contraintes internes, et même en mettant de côté le Brexit, d’autres facteurs conspirent contre les fabricants.
Prendre des mesures pour garantir la conformité aujourd’hui est d’une importance capitale pour les fabricants de dispositifs médicaux de classe I.
Premièrement, les fabricants sont invités à rester informés de toute modification de classification susceptible d’affecter les exigences de conformité de leurs produits.
Dans un deuxième temps, il est vivement conseillé aux fabricants de faire appel à un organisme notifié, avant que ces derniers soient à pleine capacité. Les entreprises n’arrivant pas à respecter leur échéance respective verront non seulement leurs produits retirés du marché, mais ne seront plus en mesure de collecter des données cliniques post-commercialisation et la documentation technique nécessaire à la conformité.
En outre, ce scénario est susceptible d’occasionner des répercussions sur les flux de trésorerie, une atteinte à la réputation ainsi qu’une perte de part de marché.
Pour pouvoir obtenir le marquage CE à temps, les fabricants de classe I doivent faire de la conformité au RDM une priorité de premier ordre, afin de disposer de suffisamment de temps pour rassembler les données cliniques obligatoires et solliciter l’assistance de leur organisme notifié.
*À l’heure de la rédaction de cet article (26 mars 2020), la Commission Européenne vient de proposer une prolongation d’un an de la date d’échéance du nouveau règlement relatif aux dispositifs médicaux (RDM).
Partager l’article
Peter ROSE – Maetrics
Peter Rose est directeur général et responsable de la pratique des opérations de Maetrics en Europe. Ayant travaillé dans l’industrie des dispositifs médicaux pendant plus de 20 ans, il possède une vaste expérience et une mine de connaissances en matières de systèmes de qualité et en affaires réglementaires. Auditeur principal et microbiologiste qualifié, il est reconnu pour son savoir profond dans le domaine de la stérilisation. Il combine une approche pratique et un sens aigu des affaires pour aider ses clients à surmonter efficacement le dédale que représente la règlementation médicale.
information@maetrics.com
Glossaire
RDM : Réglementation relative aux dispositifs médicaux
DDM : Directive européenne sur les dispositifs médicaux
Eudamed : European Database on Medical Devices | Banque de données européenne sur les dispositifs médicaux
SMQ : Système de gestion de la qualité